Suggéré par Mahée
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Le massif des gorges du Gardon est réputé pour la beauté de ses paysages. Cependant, sa qualité n’a d’égale que sa fragilité… Cet environnement immaculé et unique est reconnu «réserve de biosphère» par l’Unesco. En quoi cela consiste ? Qui s’occupe de sa préservation ? Les questions sont nombreuses… Pour en savoir plus, je suis partie à la rencontre d’une spécialiste des gorges du Gardon !

Le Gardon, vert émeraude, serpente au cœur d’un environnement majestueux. Il s’écoule à travers des paysages sculptés dans des roches calcaires entre garrigues, grottes, gorges, et parois rocheuses. Au total, les Gorges du Gardon forment un canyon de 29 km entre le village de Dions et l’emblématique aqueduc romain du Pont du Gard.

Ce lieu est un terrain de jeu unique. Il est reconnu, entre autre, pour son potentiel en matière d’activités de pleine nature. Baignade, randonnée, via-ferrata, vélo, canoë… Les activités ne manquent pas, vous l’aurez compris. Bien que ludiques, ces activités se doivent d’être respectueuses de l’environnement !

Le patrimoine culturel, naturel et paysager des gorges est précieux. Le Syndicat Mixte des Gorges de Gardon (SMGG) a pour objectif de le préserver, valoriser et transmettre. Je suis donc partie à la rencontre de Céline Boulmier, chargée de mission Réserve de biosphère pour le SMGG. Elle a pour missions l’animation de la Réserve de biosphère des gorges du Gardon et la co-animation du réseau des éco-acteurs. Céline a pris le temps de répondre à toutes les questions que l’on peut se poser sur cette richesse naturelle de la destination !

Quels sont les critères ayant permis à l’UNESCO de qualifier les Gorges du Gardon comme ‘’réserve de biosphère’’ ?

La présence d’une aire protégée est indispensable pour créer une réserve de biosphère. C’est le cas dans les gorges du Gardon, le site étant classé au titre de la loi du 2 mai 1930. Plusieurs espèces rares et protégées sont présentes dans les gorges (Aigle de Bonelli, Vautour percnoptère, Castor d’Europe, Murin de Capaccini, Cyclamen des Baléares, Orchis punaise…). Protégées au niveau national et européen, ces espèces trouvent refuge et nourriture dans cet espace naturel dont les paysages sont spectaculaires.

Il faut également démontrer dans le dossier de candidature, que le territoire concerné est remarquable à tout point de vue. Les acteurs locaux doivent conduire des actions pour garantir un équilibre entre préservation de ce patrimoine exceptionnel et développement local. L’élaboration du dossier de candidature est un gros travail. Il a fallu six années pour monter le dossier de candidature de la Réserve de biosphère des gorges du Gardon, et aboutir à la reconnaissance de l’UNESCO en 2015. Cela a été possible grâce à une détermination sans faille des élus et à l’engagement de tous les acteurs locaux aux côtés du Syndicat mixte. Pour animer les démarches participatives, plus de 650 personnes ont été mobilisées par le SMGG, avec l’appui méthodologique de l’INRAE et du CEFE-CNRS.

Quels sont les avantages pour les Gorges du Gardon d’être reconnues ‘’réserve de biosphère’’ par l’UNESCO ?

Bénéficier de la reconnaissance de l’UNESCO, c’est un atout indéniable pour notre territoire. C’est un élément fort en terme d’identité, d’attractivité et de prestige international. C’est aussi une fierté pour ceux qui habitent ou travaillent au sein d’une des 26 communes de la Réserve de biosphère. Ils ont le privilège de faire partie d’une des 738 réserves de biosphère, réparties à travers 134 pays.

Appartenir à ce réseau permet également d’échanger des connaissances et savoir-faire, de partager des retours d‘expériences. C’est aussi un outil pour mobiliser des financements et conduire des projets. Ces derniers participent directement à la conservation de la nature et du patrimoine, à la sensibilisation du public, à la lutte contre le changement climatique, et à la création de lien entre les acteurs de ce territoire.

Le projet de Land Art, les trophées de la réserve de biosphère, le réseau des éco-acteurs, l’édition d’un ouvrage dédié à la réserve de biosphère, les animations pédagogiques dans les écoles, la plantation d’arbres… Voici des exemples d’actions menées au sein de la réserve de biosphère des gorges du Gardon.

Aurelio Rodriguez

Quel est le rôle du Syndicat Mixte des Gorges du Gardon et vos actions ?

Le Syndicat mixte des gorges du Gardon (SMGG) a élaboré le dossier de candidature, il assure depuis la désignation du site par l’UNESCO en 2015 la coordination de la Réserve de biosphère.

Notre établissement a été créé à l’initiative du Département du Gard et des communes riveraines du Gardon. Il fêtera ses 30 ans l’an prochain. Il est constitué d’une équipe d’une trentaine d’agents et conduit des actions :

  • De protection du patrimoine naturel, culturel historique et paysager. Par exemple : la préservation de l’aigle de Bonelli et des chauves-souris, la restauration des murets et capitelles en pierre sèche, la restauration de la chapelle St Vérédème à Sanilhac ou du moulin à vent de Dions, les travaux de débroussaillage en garrigue… Ou encore le projet LIFE dont nous venons d’être lauréats et qui permet de capter 6,1 millions pour ce territoire.
  • D’aménagement du territoire, de développement local, social et culturel. Comme : le projet de Land Art, le travail conduit avec les loueurs de canoës et les pompiers pour sécuriser la pratique sur le Gardon, et le redéploiement du pastoralisme. Le SMGG a mobilisé 1,2 million d’euros dans le cadre du dernier Projet Agro-Environnemental et Climatique à destination des agriculteurs.
  • En matière d’accueil, de formation, d’éducation à l’environnement et d’inclusion sociale. Le SMGG a créé en 2021, la maison du castor pour sensibiliser les visiteurs et les scolaires. Mes collègues animateurs sensibilisent plus de 2500 enfants tous les ans. Ils animent également des visites à destination d’adultes handicapés et de détenus en fin de peine qui conduisent par ailleurs des opérations de nettoyage en garrigue.

Quels conseils souhaiteriez-vous transmettre aux visiteurs qui explorent ce territoire ?

Principalement de respecter les consignes. Je pense particulièrement au fait de ne pas divaguer. Cela entraîne un risque de perturbation de la faune, et de ne pas circuler avec des engins à moteurs. Il est également très important de ne pas faire de feu. Avec les étés que nous connaissons, la végétation est extrêmement inflammable et il y a un risque important de départ d’incendie.

Je les inviterais aussi à profiter pleinement de ce que la nature et ce territoire leur offrent. Les paysages, les senteurs et couleurs printanières, la fraîcheur de la rivière, les produits locaux de qualité, les activités culturelles…

Quelle est, selon vous, la meilleure activité pour découvrir les Gorges (plutôt randonnée, canoë, via ferrata, baignade, musée…) ?

Personnellement, je pencherais plutôt pour une descente en canoë ou la randonnée. Cela permet de se déplacer en silence et d’observer la faune sauvage. Je conseillerais également de faire un détour par la Maison des gorges du Gardon et la Maison du Castor. Ces lieux constituent des espaces de découvertes et permettent de mieux connaître la faune et la flore des gorges du Gardon.

Comme nous l’a si bien décrit Céline, les gorges du Gardon sont une richesse exceptionnelle pour la destination et nécessitent une attention toute particulière pour préserver ce patrimoine. Merci à elle, d’avoir répondu à mes questions et partagé sa passion et son engagement au sein de cette Réserve de biosphère.

Je vous souhaite une belle (re)découverte des gorges du Gardon !

Auteur

Mahée

Mahée sillonne la Destination Pays d' Uzès Pont du Gard avec beaucoup de naturel, pour le plus grand bonheur de nous tous !